09 Οκτωβρίου 2011

Fragments sociologiques - 07


Dans Les données chiffrées en sciences sociales (Eyraud, 2008), quelque chose comme un leitmotiv ou principe cardinal revient sans arrêt dans le propos de l’auteur : quel que soit le sujet, quel que soit l’objet, quel que soit le phénomène considéré, une donnée chiffrée n’est susceptible de prendre un sens que dès l’instant où elle est questionnée, c’est-à-dire appréhendée sous le prisme d’une interrogation de départ, d’une perspective d’enquête qui autorisera seule la formulation d’une interprétation, d’une forme d’intelligibilité. Ainsi, le fait par exemple de savoir qu’en 2005, 7 117 enfants d’agriculteurs-exploitants ont obtenu le baccalauréat général en France n’est en soi pas ‘parlant’. Aussi précise que soit la mesure, la donnée a toujours besoin d’être interrogée, mise en perspective par le biais d’un questionnement à même de la faire parler. Selon l’intérêt de la recherche, on peut ainsi vouloir déterminer quelle évolution suit cette population au fil du temps relativement à ce diplôme. Est-elle en augmentation, en diminution, constante ? Encore, on peut tenter de déterminer de quelle origine est issu le reste des bacheliers : la répartition des lycéens est-elle équilibrée entre toutes les PCS d’origine et face au diplôme ? Plus ou moins importante selon telle ou telle PCS d’origine?
          Suivant cette recommandation, on souhaiterait ici référer à un entretien accordé à Jean-Luc Mélenchon et paru dans Le Monde daté du 24 août 2011. Dans un passage de cet interview, il s’étonne de ce que le montant des dettes souveraines des pays (européens ou autre) soit invariablement ramené au PIB annuel respectif de ces mêmes pays, notant en effet que, par ailleurs, la pratique conduit plutôt à mettre en liaison la dette d’une entité à ses capacités de remboursement prises sur un plus long terme : qu’il s’agisse par exemple d’un particulier ou d’une entreprise, le montant d’un crédit - et donc un montant de dette – n’est jamais contracté ni accordé en référence aux revenus que ce particulier ou cette entreprise gagne en une année mais à ceux recueillis sur une période plus étendue. Ainsi emprunte-t-on couramment pour acheter certains biens – propriété immobilière, véhicule, etc. - sur plusieurs années (dix, quinze, vingt ans) et donc en quelque sorte en prévision des revenus courant sur tout l’ensemble de ces périodes. Pourquoi, dès lors, se borne-t-on à corréler le montant des dettes au PIB, montant de revenus d’un pays relatif à une unique année ? Pourquoi ne pas penser la dette différemment ?
          Ici, il faudrait insister sur le fait qu’il n’y a pas là – dans le questionnement de la manière dont on présente habituellement la dette et dans la proposition d’une alternative de ‘lecture’ – qu’un unique trait d’esprit, qu’un simple tour intellectuel par l’intermédiaire duquel on ferait passer une mouche pour un éléphant, ou inversement. Il s’agit plus décisivement de poser la question de la façon dont on décide de percevoir et d’appréhender un phénomène - ici un montant de dette -, phénomène qui n’est en lui-même pas à même de dicter la logique d’action à adopter pour le traiter et l’administrer. C’est dire que l’on n’est pas contraint de céder au discours dominant en la matière, discours quasi unanimement repris par les politiques et si souvent relayé tel quel par les médias, discours se voulant objectif et gonflé de tout le sérieux que la situation exigerait. On peut même trouver là une opportunité pour mettre sous la lumière d’autres objets moins discutés mais pour autant bien liés, comme la raison historique faisant que, de nos jours, les puissances publiques ont à se tourner du côté des marchés financiers pour emprunter, plutôt qu’en direction de leur banque centrale. 
Y.

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