Publication originale : osemy, le blog de la Louve 21/04/2010
Depuis quelques mois, dans le cas où on les travailleurs sont confrontés à un PSE, se succèdent les "propositions" patronales dites de "reclassement" à l'étranger dans le cadre du "périmètre du groupe", qui en Tunisie, qui en Inde...
Certes, en général, et à l'heure actuelle, ces propositions dites de "reclassement", qui se parent de la légitimité conjuguée du droit du travail et du droit des sociétés, entérinées par une jurisprudence du conseil d'Etat, sont faites au salaire local, ce qui est en soi, évidemment, une honte.
Mais voilà, prétendre, comme le fait le Sénat français, après l'Assemblée Nationale sur proposition du député Sauvadet (Nouveau Centre), que ce genre de proposition ne pose comme seul problème que le salaire, c'est laisser entendre que si la question du salaire est réglée, tout sera réglé et ce genre de proposition se parera de nouvelles vertus (expérience "à l'étranger", "dépaysement", "profit culturel"... que ne va t on entendre?).
Voilà en effet déjà ce que l'on lit sous la plume de Sauvadet et autres (premier txt déposé à l'AN disponible sur le site Internet de l'AN et du Sénat) :
" Si les auteurs de la proposition de loi ne souhaitent pas restreindre géographiquement les offres de replacement, qui sont susceptibles, quand elles sont souhaitées, de constituer une expérience enrichissante pour les salariés d’un point de vue professionnel comme personnel, ils entendent garantir aux salariés concernés, une rémunération équivalente à celle qu’ils percevaient dans leur précédent emploi, même à l’étranger."
La proposition de loi actuellement débattue au Parlement ne tient évidemment aucun compte des aspects sociaux plus généraux, ni, tout simplement, des aspects humains.
C'est l'aboutissement de la marchandisation absolue du salarié qui est placé au même rang que les machines, les brevets, bref, "objectivé", c'est l'institutionnalisation des besoins voraces de la mondialisation capitaliste, et la perversion de règles supposées être à l'origine protectrice du salarié considéré comme un Homme et non comme une fraction d'homme (la seule fraction utile au Capital, avec strictement de quoi reproduire la force de travail).
Cette proposition de loi, scandaleuse, va aggraver le sort des salariés qui se trouvent malheureusement soumis à un PSE en gravant dans le marbre une obligation implicite d'accepter si le salaire est "conforme". Elle grave dans le marbre qu'on ne doit pas lutter contre la mondialisation, qu'on ne doit pas lutter contre l'élaboration des nouveaux outils dont le capitalisme moderne a besoin de se doter pour amplifier la mondialisation et son corollaire, l'esclavage moderne.
Comme si le travail se résumait à un salaire?! Comme si une vie se résumait à un salaire?!
Voilà ce qu'on essaie de nous faire gober aujourd'hui, avec cette proposition de loi, que "l'essentiel", c'est un travail pour un salaire qui permette de bouffer, faire bouffer sa famille, la loger et le reste... ah le reste...et bien, ce n'est plus à l'ordre du jour et "il faudra vous y faire".
Droits syndicaux déjà difficiles à maintenir ici, qu'en est-il en Tunisie? En Inde? En Thaïlande? Droits sociaux? Services publics? Citoyenneté même? Etre un étranger quelque part, ce n'est jamais simple...Et puis, tout simplement, sa famille, son pays, sa langue, sa culture...Qui paiera le billet d'avion AR de la famille pour rentrer au pays une fois l'an pour voir pépé, mémé? A quel prix? Dans quelles conditions?
N'en déplaise aux théoriciens de la "citoyenneté du monde", tous les travailleurs ne rêvent pas de s'exiler à Kuala Lumpur, à Bombay, à New Dehli, à Tunis...tout au contraire!
C'est toujours aussi surprenant de constater que, pendant que nous piétinons dans l'unification et la montée en puissance des combats à certains endroits, le capitalisme lui, poursuit, avec vigueur et inventivité, poussé par l'aiguisement des luttes de classe que nous menons, son travail destructeur de toutes nos libertés, de nos acquis, de nos droits, arrachés péniblement par des décennies de luttes. Non, le capitalisme n'est pas mort, et n'est pas prêt de mourir. A moins que nous l'y aidions.
Angoissant de constater qu'à ce train là, nos prédictions les plus pessimistes pourraient se dessiner plus tôt que prévu, que nous serons peut être bientôt "nous aussi", travailleurs de nationalité française ou immigrés avec papiers, exactement au même niveau de précarité, de misère et d'exploitabilité que les travailleurs étrangers dits "sans papiers", actuellement en lutte aujourd'hui.
On me répondra que nos conditions de travail actuelles, et surtout, ce que les représentants politiques dela bourgeoisie nous proposent, n'ont rien à voir. C'est vrai! Pour nous, c'est un cauchemar à son tout début, alors que pour eux, leur situation actuelle est la conséquence directe de décennies, de siècles, d'esclavage, de colonisation, de spoliation des biens de leurs pays d'origine et j'en passe - une des phases de l'accumulation primitive du Capital. Un cauchemar qui dure depuis des lustres.
Lutter quotidiennement, efficacement, pour que ce pays ne soit pas une zone de non droit, ni pour les travailleurs sans papiers, ni pour les travailleurs immigrés en situation régulière, ni pour les travailleurs ayant la nationalité française, implique une convergence urgente des luttes en cours, un resserrement immédiat de la solidarité ouvrière.
On ne fait pas une révolution socialiste seulement avec des mots, c'est entendu et ne fait pas débat, mais la révolution fasciste elle, se fait, au plus fort, au plus tendu des rapports de classe, sur la conjonction, justement, des luttes de classe restées sans traduction politique socialiste et sur nos silences ou nos absences. Cela, l'histoire l'a amplement montré.
Ce n'est pas par charité chrétienne ni par pur opportunisme politicien que les luttes des travailleurs sans-papiers et celles des travailleurs nationaux doivent à tout prix se rejoindre sur les bases qui peuvent leur être communes (et elles sont nombreuses), mais par nécessité liée à la propagation, au développement et au renforcement de la lutte de classe.
Les travailleurs et leurs organisations de classe doivent absolument redéfinir précisément les visages de leurs ennemis, les formes de domination, matérielle, idéologique empruntées, et se confronter à la mondialisation en soi, sous l'angle de l'affrontement "capital/travail" et des classes sociales. Contrairement à "l'altermondialisme" mort-né, en opposition avec le "nationalisme" (même "républicain"), il s'agit ici de remettre à l'ordre du jour l'internationalisme prolétarien, la solidarité ouvrière, et les luttes locales politiques pour le socialisme.
Mondialisation: Immigrés, délocalisés, avec ou sans papiers, tous précarisés, quelle que soit notre nationalité!
"ON VIT ICI, ON BOSSE ICI, ON COTISE ICI, ON RESTE ICI", et cela, partout dans le monde.
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